Le coronavirus menace notre départ en mission
Charles et Naomi Habarugira
Originaires de Belgique, Charles et Naomi se sont récemment engagés avec la WEC France pour servir dans une école au Sénégal. Ils racontent comment ils ont lutté pour obéir à l’appel de Dieu en pleine crise du coronavirus.
De l’appel au doute
« Dieu va nous envoyer dans un autre pays pour le servir » : nous avions entendu son appel il y a plusieurs années, mais nous attendions de connaître le moment qu’il avait choisi pour le faire. Et puis, en juin 2019, une amie déjà sur le terrain depuis quelques années, nous appelle, nous expliquant qu’il y a des besoins à BCS. C’est le déclic : le temps est venu de nous lancer ! S’ensuivent deux mois de prières, des temps de réflexion avec nos proches, avec le couple pastoral de notre Église, ainsi que les membres de la WEC. En septembre 2019, nous commençons à planifier sérieusement notre projet : vivre un an à l’école BCS (Bourofaye Christian School), au Sénégal. L’avantage d’être jeunes, c’est que rien ne nous retient de vivre cette expérience pour le Seigneur.
Le doute s’immisce parfois dans le projet, mais le Seigneur confirme régulièrement sa volonté.
Dieu guide nos pas à chaque étape de la préparation. Durant ces mois, il nous enseigne à lui faire confiance tant sur le plan spirituel que financier. Le doute s’immisce parfois dans le projet, mais le Seigneur confirme régulièrement sa volonté. Par la parole d’un frère ou d’une sœur. Par nos lectures bibliques qui font souvent écho à notre projet. Par un sentiment de paix.
Le coronavirus commence à faire parler de lui… Allons-nous devoir repousser notre départ ?
Nous souhaitons servir le Seigneur, Charles dans la comptabilité de l’école et Naomi dans la gestion de la cuisine et comme infirmière. Puis vient le mois qui change tout : mars 2020. Le coronavirus commence à faire parler de lui, les restrictions se mettent en place. Nous devons commencer en août, mais nous ne sommes plus sûrs de rien. Le doute s’amplifie en mai, lorsque Charles doit annuler son séjour. Il devait se rendre deux semaines au Sénégal pour se familiariser avec son futur travail au sein de BCS. La fermeture des frontières a changé la donne.
Allons-nous devoir repousser notre départ ? L’annuler ?
L’administratif s’en mêle
Nous nageons dans l’incertitude.
Juillet. Le départ approche, les démarches s’intensifient, mais un doute persiste : pourrons-nous partir ? Une partie de nous est tentée de dire : « Autant tout repousser à l’année prochaine, une fois passée la crise du coronavirus ». Nous nageons dans l’incertitude. Nous avons commandé nos billets sans savoir si nous aurons le droit de prendre l’avion. Nous avons suspendu nos professions respectives sans savoir si nous pourrons vraiment partir.
La WEC Sénégal nous signe une attestation de travail pour justifier le déplacement, mais nous entendons régulièrement parler des difficultés auxquelles les voyageurs font face. Nous devons effectuer un test Covid moins de sept jours avant notre départ – un test vraiment désagréable, voire douloureux. Dieu favorise toutefois un traitement rapide de notre dossier auprès de l’ambassade du Sénégal en Belgique. Nous pouvons déposer à temps notre demande d’attestation officielle pour nous autoriser à rendre sur le sol sénégalais. Est-ce que cela sera suffisant ?
Encore un effort !
Le jour du départ est arrivé et… nous ne sommes toujours pas certains que les autorités nous laissent facilement voyager. Devrons-nous encore nous justifier ? Nous défendre ? En effet, à Bruxelles, nous avons dû prendre un certain temps pour expliquer le but de notre départ.
Nous nous sentons presque hors la loi, tellement nous sommes dévisagés lors des interrogatoires.
L’avion décolle, ouf ! Madrid : lors de l’escale, les autorités nous contrôlent de manière très appuyée. Durant tout le vol, nous sommes obligés de porter le masque, ce qui cause inconfort et parfois des maux de tête. Puis le Sénégal, enfin ! Mais les contrôles ne sont pas terminés. Nous nous sentons presque hors la loi, tellement nous sommes dévisagés lors des interrogatoires. L’attestation de l’ambassade nous rend bien service… tout comme les prières que nous faisons tout bas.
À la sortie de l’aéroport, nous sommes accueillis par nos amis et collègues de BCS qui nous emmènent vers notre nouveau chez-nous. Ce n’est pas terminé : dix jours de confinement nous attendent, car il faut s’assurer que nous n’avons pas contracté le coronavirus. Nous devons rester dans notre maison. Si nous en sortons, il faut rester dans l’enceinte de l’école. Et obligation de porter nos masques si nous croisons quelqu’un.
Un temps pour tout…
Nous croyons souvent que la mission, ça commence une fois sur le terrain, mais la mission commence dès notre décision.
Ce temps de confinement est finalement le bienvenu. Après ces préparatifs fort fatigants et stressants, nous avions bien besoin de ce repos. Une fois de plus, nous avons vu la main du Seigneur. Ce qui nous amène à notre conclusion.
Nous croyons souvent que la mission, ça commence une fois sur le terrain. Mais toutes ces épreuves depuis le démarrage du projet nous ont appris que la mission commence dès notre décision. Les obstacles se dressent… et sont vaincus à mesure que la mission se concrétise. Ce qui est fou, c’est que notre foi en a déjà bénéficié dès les préparatifs. Les étapes par lesquelles nous sommes passés nous ont parfois découragés, mais le Seigneur a toujours été là. Il n’y a pas de victoire sans combat et dans toutes ces choses, Dieu a été, est et sera notre Lumière, notre Guide sur tous les chemins qu’il nous reste à parcourir.
Il n’y a pas de victoire sans combat.